1/ Les orgues de Saint-Sulpice, patrimoine exceptionnel inscrit dans l’histoire de la création musicale

L’église Saint-Sulpice abrite deux instruments de musique exceptionnels construits par le célèbre facteur d’orgues Aristide Cavaillé-Coll (1811-1899).

Inchangés sur le plan de l’esthétique depuis leur construction, l’orgue de chœur (1857) et encore plus le grand orgue (1862), sont d’irremplaçables témoins de l’art de leur auteur et constituent un élément majeur du patrimoine organistique mondial.

Le grand orgue est le plus grand instrument jamais construit par Cavaillé-Coll (102 jeux sur 5 claviers et pédalier). Comprenant une grande partie de l’instrument précédent signé F. H. Clicquot (1781), le grand orgue est classé au titre des Monuments Historiques. Albert Schweitzer en parlait comme du « plus bel orgue du monde ».

La palette sonore créée par Cavaillé-Coll a inspiré de nombreux compositeurs : César Franck, Charles-Marie Widor, Louis Vierne… au XIXe siècle, Jehan Alain, Olivier Messiaen… au XXe siècle. Il est difficile de lister toutes les pièces créées sur l’orgue de Saint-Sulpice. Sans être exhaustif, citons :

  • Alexandre Guilmant, qui avait composé une Méditation (op. 16) pour l’inauguration,
  • César Franck, qui venait écouter l’orgue de Saint-Sulpice, sous les doigts de son collègue Charles-Marie Widor (le Final, 1862, est inspiré des possibilités de l’instrument),
  • Alfred Lefébure-Wely, titulaire de 1863 à 1869 (L’organiste moderne, 1867-1869, reconstitution d’improvisations),
  • Charles-Marie Widor, dont un nombre important de pièces pour orgue (Symphonies), orgue et chœur (Messe, 1878, motets), orgue et cuivres (Salvum fac populum tuum 1916) ont été jouées pour la première fois dans le cadre des offices pendant son titulariat (1870-1934)
    « C’est lorsque je sentis vibrer sous mes mains et mes pieds les 7’000 tuyaux de l’orgue de Saint-Sulpice que je me mis à écrire mes quatre premières symphonies », « Si je n’avais pas éprouvé la séduction de ces timbres, le charme mystique de cette onde sonore, je n’aurais pas écrit de musique d’orgue », Charles-Marie Widor
  • Gabriel Fauré, organiste à l’orgue de chœur de 1871-1874 (Tu es Petrus 1872)
  • Louis Vierne, Messe solennelle pour deux orgues et chœur, 1901,
    « Ma musique d’orgue m’a été suggérée par les instruments de Saint-Sulpice et de Notre-Dame ; mes premières pièces séparées et ma première symphonie viennent de Saint-Sulpice », Louis Vierne.
  • Marcel Dupré, titulaire de 1934 à 1971, notamment le Choral et fugue (1962), retranscription d’une improvisation pour le centenaire de l’inauguration,
  • Jean-Pierre Leguay, Vigiles (1986), pour quatuor vocal ou petit chœur, chœur d’enfants, grand chœur mixte, assemblée, orgue positif ad libitum, grand orgue, trombone, percussions, commande du Ministère de la Culture,
  • Daniel Roth, titulaire actuel, dont un nombre important de pièces pour orgue et chœurs (Livre d’orgue sur le Magnificat, Missa festiva Orbis factor 2011, Christus factus est 2012), ont été créés à Saint-Sulpice depuis 1985.

Cet instrument emblématique a inspiré de très nombreux compositeurs au fil des siècles, l’idée est de permettre à cet orgue de continuer à être la source de la création d’aujourd’hui.


2/ Un concours de composition organisé par l’AROSS, avec la participation de Sequenza 9.3

• L’engagement de l’AROSS pour la découverte du patrimoine musical

L’Association pour le Rayonnement des Orgues de l’église Saint-Sulpice (AROSS) a pour objectif de valoriser ces instruments en organisant une saison de concerts, conviant organistes de renom et jeunes talents.
Souhaitant renouveler l’expérience du concert d’orgue, l’AROSS a investi en 2017 dans du matériel audiovisuel permettant de retransmettre, en multicaméras, le jeu de l’interprète sur grand écran dans la nef et en direct sur internet (streaming), première mondiale. Cette immersion au cœur de la tribune offre une nouvelle perception au spectateur qui découvre ainsi comment se fait la musique (collaboration entre l’exécutant et les registrants).
Depuis quelques années, les organistes invités ont interprété de plus en plus des œuvres de compositeurs contemporains (Valéry Aubertin, Yves Castagnet, Thierry Escaich, Jean-Louis Florentz, Bernard Foccroulle, Toshio Hosokawa, Eric Lebrun, György Ligeti, Arvo Pärt, Laurent Petitgirard, Oliver Tarney…).
Porté par cette dynamique, l’AROSS a initié une politique de commandes qui commencera avec le jeune compositeur Félix Roth en 2020.
Par ailleurs, l’AROSS organise de nombreuses master-classes pour les étudiants, futurs professionnels, et développe des actions à destination des scolaires.
À l’occasion de ses 30 ans, l’association souhaite créer un concours international de composition, mêlant création musicale, patrimoine et jeunesse, une démarche unique en France aujourd’hui. Celui-ci aura pour objectif :

  • d’encourager la création musicale et d’enrichir le répertoire d’orgue,
  • de poursuivre la tradition de création qui existe depuis plus de 150 ans à Saint-Sulpice et que l’AROSS souhaite faire perdurer en permettant à des compositeurs de notre temps de faire entendre leurs œuvres nouvelles,
  • de promouvoir les orgues de Saint-Sulpice auprès de la jeune génération, en mobilisant de nouveaux publics par des actions de médiation, mais également en invitant de jeunes organistes à interpréter les œuvres finalistes,
  • d’offrir à ce patrimoine unique un rayonnement international, par l’intermédiaire de cet appel à candidatures très largement diffusé,
  • d’inciter des compositeurs non-organistes à écrire pour cet instrument, en mettant à leur disposition des tutoriels vidéo (en français et anglais sous-titré),
  • de créer un moment fort pour les 30 ans de l’AROSS.

Le concours proposera ainsi aux compositeurs de composer une œuvre, dans l’une ou l’autre, ou les deux catégories suivantes :

  • grand orgue
  • orgue de chœur & voix

Les œuvres présélectionnées par un jury international seront interprétées par des professionnels lors d’une finale publique à Saint-Sulpice. Le jeu des interprètes sera diffusé sur grand écran et en direct sur internet.

• L’ensemble vocal Sequenza 9.3

De par son engagement historique pour la transmission de la musique contemporaine, ses activités de création avec de nombreux compositeurs et ses collaborations fréquentes avec des organistes, l’ensemble vocal Sequenza 9.3, dirigé par Catherine Simonpietri, s’est montré très enthousiaste pour participer à ce projet. Sous réserve de financement d’ici décembre 2020, il sera donc l’interprète des œuvres vocales le jour de la finale et inscrira la diffusion des nouvelles œuvres créées en les ajoutant à son répertoire.


3/ Impliquer la jeune génération des futurs professionnels du secteur musical

L’interprétation des œuvres pour orgue et chœur sera confiée à des étudiantes et étudiants du Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris (CNSMDP), représentés de manière paritaire, afin de promouvoir de nouveaux talents, mais aussi de leur permettre d’aborder le répertoire musical d’aujourd’hui.


4/ Faire vivre la création musicale au-delà du concours

En amont du projet des partenariats avec des Festivals et lieux emblématiques de diffusion de la musique pour orgue et pour orgue et chœur seront tissés afin de favoriser une diffusion des œuvres crées au-delà de la finale et ainsi faire rayonner les compositeurs lauréats au-delà de l’évènement.

Les organistes et l’Ensemble Sequenza 9.3 espèrent ainsi contribuer à une dynamique et un intérêt des publics et des lieux pour l’orgue et la création contemporaine.


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