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Articles de presse sur l’orgue de Clicquot (1781)

Annonce du 7 janvier 1781

Le 20 janvier, veille de Saint-Sulpice, M. Luce, organiste de la paroisse dédiée à ce Saint, y touchera pour la première fois le grand orgue fait à neuf par M. Clicquot. On indiquera peu de temps après, quand cet instrument sera entièrement fini, tant aux paroissiens, qu’aux artistes et amateurs qui désireront d’en connaître le mécanisme les jours auxquels ils pourront le voir.

Annonces, affiches et avis divers, 7 janvier 1781, n°309 (tel que cité dans Philippe Lescat, « L’orgue à travers les Affiches de Paris », Connoissance de l’orgue n°81-84, 1992 et n°85-88, 1994).

Article du 20 janvier 1781

1781, 20 Janvier. La veille de la Fête de Saint-Sulpice, on a chanté dans l’église de ce nom un Te Deum. M Luce, organiste de la paroisse, a touché, pour la première fois, l’orgue que M. Clicquot vient d’y poser: c’est le plus complet de la Capitale.

Almanach musical pour l’année 1782, p. 57.

Annonce du 4 mai 1781

Le 15 mai, à 4 heures précises, MM Couperin, Balbastre, Sejan et Charpentier feront la réception de l’orgue de Saint-Sulpice. Ce jour n’étant pas suffisant pour que les profess. de cet instrument puisse le toucher à leur satisfaction, MM. Luce et Clicquot les invitent pour le lendemain, entre 3 et 7 heures. L’orgue sera ouvert les 17, 18 et 19, depuis 10 heures jusqu’à 2, pour toutes les personnes qui désireront connaître l’intérieur.

Annonces, affiches et avis divers, 4 mai 1781, n°312 (tel que cité dans Philippe Lescat, « L’orgue à travers les Affiches de Paris »).

1781, 15 Mai. Réception de l’orgue de la paroisse de Saint-Sulpice

Le buffet de cet orgue est d’une superbe ordonnance et d’une très riche architecture. Sa très grande étendue est remplie par un nombre considérable de tuyaux, qui se rapportent à un seul point, d’où la main de l’organiste peut faire partir l’harmonie qui doit en varier l’effet.

La distribution intérieure de ce magnifique instrument est on ne peut pas plus sagement répartie. Les tuyaux de cet orgue agissent sans effort, sans gêne. Aucune confusion ne peut contrarier les différents jeux dont il est formé.

M. Clicquot a prévu tous les inconvénients auxquels cet orgue pouvait être sujet. On peut remédier aux accidents auxquels un nombre aussi considérable de ressorts peut donner lieu, sans déranger, sans toucher même les jeux qui ne seraient pas affectés par un dérangement momentané.

Les sons produits par les instruments neufs, ont une raideur et une sécheresse que le temps assouplit, en les rendant plus liant. Dès les premiers jours que l’orgue de Saint-Sulpice a été joué, on a trouvé que les sons, dont il opérait l’émission, étaient d’une excellente qualité; que l’harmonie qui résultait de leur intonation successive ou simultanée, était moelleuse, flexible et que la plénitude de l’expansion des sons, conservait la transparence propre à chacun d’eux.

Le public a écouté, avec une espèce d’ivresse, tous les morceaux que Messieurs Couperin, Balbastre, Séjan & Charpentier ont joués sur ce précieux instrument. Ce jour était une espèce de triomphe pour M. Clicquot. La critique n’a rien trouvé à relever dans son ouvrage: elle s’est retirée sans humeur d’un fête dont l’amour des arts a fait les honneurs, dans une des plus belles églises de Paris.

Almanach musical pour l’année 1782, p. 116-117.

Lettre à M. ***, sur la réception de l’orgue de Saint-Sulpice

La réputation du célèbre Clicquot, auteur de cet instrument, et celle de MM. les arbitres, ont attiré la plus grande affluence à l’église. Ce jour était un triomphe pour les grands talents, et une vraie fête pour les amateurs des arts.

Le buffet de cet orgue est piquant par sa nouveauté, et admirable par la richesse de son architecture. On avait craint que la forme nouvelle donnée à cet instrument ne fit tort à la mécanique intérieure. Cette forme sans doute eut gêné tout facteur qui n’eût connu que la routine de son art; mais il n’est pas de difficultés invincibles pour un véritable artiste. M. Clicquot a combiné, étendu sa mécanique et multiplié ses mouvements en raison de la diversité des jeux qu’il avait à placer, et de l’espace immense qu’il avait à peupler de tuyaux et à soumettre à un seul point sous la main de l’organiste, aussi a t on admiré la distribution intérieure de ce bel instrument; elle est si bien entendue et si bien ordonnée, que tous les effets s’opèrent sans gêne, sans confusion, et qu’il est possible, en cas du plus léger dérangement, de remédier à tout sans embarras au moment même, et sans nuire à aucune des partie de ce grand tout. Cette nouvelle distribution a donné à l’artiste l’occasion de prouver qu’il est aussi habile facteur-mécanicien que bon facteur-harmoniste.

On a remarqué avec étonnement que la qualité du son de cet orgue, l’égalité de sa mélodie et la bonté de son harmonie étaient aussi finies et aussi moelleuses à ce premier essai que si l’instrument eût eu vingt ans d’exercice, degré de perfection que l’on n’obtient ordinairement qu’après un temps considérable. Cet avantage précieux n’est pas assez senti; les artistes lui préfèrent trop souvent un éclat bruyant qui fatigue l’oreille sans rien dire au cœur…

Des connaisseurs prétendent que malgré l’effet de cet orgue, l’on ne jouit pas encore complètement de la qualité de son dont il est susceptible, non plus que de la plénitude de son harmonie; ils en accusent les figures colossales dont est orné le buffet; ils trouvent qu’elles voilent le son du grand orgue, si cela est, c’est un mal sans remède, au moins la vue est elle bien agréablement dédommagée des pertes que peut y faire l’autre sens. Mais en supposant que cet inconvénient existât réellement, il serait bien à désirer que MM. les architectes, que cette nouveauté pourrait séduire, se persuadassent bien de ce principe, que le buffet d’un orgue doit être absolument subordonné à sa facture.

Les talents supérieurs de MM. Couperin, Balbastre, Séjan & Charpentier, qui sont depuis longtemps en possession de plaire au public, ont bien fait les honneurs de ce fameux instrument. Il ne s’agirait pas d’entrer en lice pour se combattre comme rivaux, mais de déployer leurs talents pour faire valoir l’instrument qu’ils avaient à juger. Ils y ont parfaitement réussi; et le public a su admirer en eux le génie qui commande, maîtrise, entraîne; le génie qui présente le plaisir sous mille formes diverses, et le sentiment qui fait parler aux grâces le langage le plus enchanteur.

Traversier.

Mercure de France, septembre 1781, p. 42-43.

Période révolutionnaire

Procès verbal de la séance du 20 Germinal, l’an deuxième de la République [9 avril 1794]

Le citoyen Molard fait son rapport sur la conservation des orgues de Paris. La Commission a arrêté que le Département serait invité à faire surseoir à leur vente et qu’extrait de cet arrêté lui sera envoyé. Elle a chargé le rapporteur de se transporter dans les différentes sections de Paris où se trouvent ces jeux, pour aviser aux moyens de les garantir de toute dégradation, en les faisant couvrir des  anciennes toiles destinées à cet usage. Il a été aussi autorisé à se concerter avec les citoyens Dallery et Clicquot, facteurs de ces instruments, afin de pouvoir à leur conservation. La liste suivante a été adoptée comme contenant les jeux d’orgue les plus complets: Notre-Dame, Saint-Sulpice, Saint-Merry, Saint-Germain-l’Auxerrois, Saint-Victor, Saint-Paul, Saint-Nicolas-des-Champs, Saint-Roch, Saint-Germain-des-Prés, Saint-Thomas-d’Auquin, Saint-Etienne-du-Mont, Saint-Laurent, Saint-Louis-en-l’Isle, Saint-Médard, Saint-Jacques-du-Haut-Pas, Saint-Nicolas du Chardonnet, Saint-Augustin, Saint-Leu, Saint-Gervais. Il a été arrêté en outre que le citoyen Molard ferait à la prochaine séance un rapport sur tous les orgues.

Procès-verbaux de la Commision temporaire des arts, Tome premier, p. 134

Te Deum de la veille de la Saint-Pierre, touché par M. Séjan à St-Sulpice, le 2 juillet 1808

Les journalistes rendent volontiers compte de toutes les pièces de théâtre, en font l’analyse, et entrent dans tous les détails qui peuvent piquer la curiosité de leurs lecteurs: mais ils ne disent jamais rien des beaux morceaux de musique qu’on exécute dans nos temples, ni du talent que quelques-uns de nos organistes déploient dans le Te Deum des veilles des fêtes patronales. Nous n’imiterons pas le silence de nos confrères, et puisque notre journal est spécialement consacré aux arts, nous rendrons compte, avec plaisir, du Te Deum de la veille de la Saint Pierre, touché le 2 juillet, par M. Séjan, à St-Sulpice.

Nommer M. Séjan, c’est désigner l’Haydn de l’orgue. Cet organiste incomparable, nous prouve qu’il est des êtres privilégiés qui conservent leur génie, la perfection du talent, et la plus brillante exécution jusque dans l’hiver de la vie humaine. M. Séjan s’est surpassé cette année et a excité l’admiration du nombreux auditoire et des artistes connaisseurs qui s’étaient rendus à St-Sulpice pour l’entendre. Les plans de ses morceaux ont décelé le grand maître; ses  motifs neufs et agréables ont prouvé la vivacité de son imagination, et sa brillante exécution a fait douter de l’âge de l’artiste. Tous les morceaux de ce Te Deum ont été marqué au coin du génie et du bon goût. Le verset du Sanctus, d’un genre nouveau, a étonné les maîtres de l’art, et le duo de trompette avec la voix humaine a été si bien ordonné, si bien dialogué et si piquant, que de l’avis des connaisseurs, on n’a jamais entendu rien de si beau.

Pourquoi M. Séjan est-il le roi de l’orgue ? c’est qu’il fait chanter son instrument, qu’il imite la nature et les inflexions de la voix humaine. La plupart des organistes jouent de l’orgue comme du piano, font mille et une notes inutiles, beaucoup de bruit, de difficultés sans nombre, et négligent cette belle et auguste simplicité qui touche l’âme, échauffe le cœur et élève l’homme jusqu’au pied du trône du créateur. Aussi M. Séjan est le modèle des organistes à venir, comme le désespoir de ses contemporains, et nous le prions de recevoir ici le tribut de notre admiration et nos remerciements pour le plaisir que son grand et incomparable talent nous a procuré.

Article de De Viré, Journal des arts, des sciences, de littérature et de politique, p. 168-169.

Articles de presse sur la restauration de Daublaine-Callinet (1846)

Orgue de Saint-Sulpice

On a inauguré solennellement, la semaine dernière, l’orgue de Saint-Sulpice, restauré par MM. Daublaine et Callinet. Cet orgue, construit au milieu du siècle dernier par l’habile facteur Clicquot, avait soixante-douze registres, cinq claviers et un clavier de pédales; c’était, par conséquent, un des orgues les plus riches et les plus importants qui existassent alors. Quatre organiste seulement ont été chargés, dans la séance de réception, de toucher cet instrument et de faire juger le jury, ainsi que le nombreux public qui remplissait l’enceinte de la vaste basilique, du mérite des travaux de MM. Daublaine et Callinet. Cet sont MM. Schmitt, ancien organiste de la cathédrale de Trêves; Fessy, de la Madeleine; Boëly, de Saint-Germain l’Auxerrois, et Lefébure-Wely, le jeune et brillant improvisateur, de Saint-Roch.

Il faut le dire, sans cette espèce de tournoi musical, ce sont les trois virtuoses parisiens qui ont eu le dessus. Un charmant duo de flûte et hautbois, exécuté par M. Fessy, et un morceaux dans lequel il a parfaitement fait valoir un jeu nouveau, l’Euphone, ont donné lieu à cet habile artiste de déployer à la fois son habileté mécanique et sa science harmonique. M. Lefébure, de son côté, a charmé ses auditeurs dans un offertoire d’un grand effet. Enfin, M. Boëly, représentant la vieille école de l’orgue, a exécuté avec une précision remarquable une fugue en fa mineur de Haendel.

Divers motets et chœurs avaient été intercalés entre les morceaux d’orgue. Malheureusement, les choristes étaient trop peu nombreux, ce qui a considérablement nui à l’effet. Du reste, cette solennité avait attiré tout Paris, dont moitié est restée forcément à la porte, et cela, par un double motif: d’abord, en raison de la contenance de l’édifice, ensuite parce qu’on ne pouvait entrer que sur lettres d’invitations, malgré les affiches apposées sur les murs, lesquelles semblaient inviter tout simplement le public à se rendre à Saint-Sulpice sans autre forme de procès. Aussi, beaucoup de mécontents siégeaient-ils sur la place: incident à signaler afin qu’il ne se renouvelle plus, dans l’intérêt de tous.

Le Ménestrel, 1846

Les travaux de Cavaillé-Coll

Lettre de la Maison Cavaillé-Coll, 7 novembre 1857

M. J’ai l’honneur de vous adresser ci-joint le mémoire…

Lettre d’Aristide Cavaillé-Coll à M. E. Cauchy, membre du Conseil de fabrique de l’église Saint-Sulpice, à Paris (7 novembre 1857).

Lettre de la Maison Cavaillé-Coll, 15 décembre 1858

Messieurs. Nous avons l’honneur de vous remettre ci joint un état d’avancement des travaux du grand orgue et Saint-Sulpice montant à la somme de 45.725 f….

Lettre de la Maison Cavaillé-Coll à Monsieur le président et les membres [__] St-Sulpice à Paris (15 décembre 1858)

Lettre de la Maison Cavaillé-Coll, 5 mars 1859

Monsieur l’Abbé. J’ai l’honneur de vous adresser ci joint les prix détaillés des jeux que vous nous demandez par votre lettre du 9 de ce mois soit mis en harmonie, soit sans la mise en harmonie…

Lettre de la maison Cavaillé-Coll à Monsieur l’Abbée Panescorse au grand séminaire de St-Sulpice à Paris (5 mars 1859)

La restauration de 1988-1991

Bénédiction de l’orgue par le Cardinal Jean-Marie Lustiger, dimanche 13 octobre 1991

Frères et sœurs, Bénir un orgue, c’est l’éveiller. L’éveiller pour qu’il parle, pour qu’il chante…

Texte PDF, et enregistrement sonore disponible sur le site de l’Institut Jean-Marie Lustiger (taper « bénédiction ET orgue » dans le champ de recherche).

Bibliographie indicative

Jean-Marc Leblanc, « L’affaire Callinet et la destruction de l’orgue de Saint-Sulpice, Paris, 11 avril 1843 », L’Orgue, n°300, 2012-IV, p. 201-216.